.O.
26/08/2021
Un joli casting avec notamment Olivier Gourmet et Jalil Lespert m'a convaincu d'aller voir ce film dont la bande-annonce dévoilait quasiment toute l'intrigue. Le milieu rural à la cote au cinéma ces derniers temps et j'avais beaucoup aimé "Petit Paysan", ce ne sera malheureusement pas le cas de cette "terre des hommes" qui résonne avec "Slalom", vu en début d'année mais qui, comme ce dernier, ne parvient pas à faire autre chose que d'illustrer son sujet.

"La terre des hommes", vraiment ? L'image semble un peu vieillotte et une simple recherche sur Google permet de répondre à la question "pourcentage de femme paysanne en France" (Sources : Etude MSA – Ministère de l’Agriculture – Mars 2012)
- Les femmes représentent 37 % des salariés agricoles. Au total, elles sont 635 000.
- 25 % des exploitations agricoles françaises sont gérées par des femmes (120 000) contre 8 % en 1970.

Pour les besoins du scénario, il n'y aura que des hommes autour de Constance ce qui laisse supposer une connivence qui me paraît un peu facile. Il n'empêche, les histoires de fermes qui font faillite, de dossier à monter et faire valider, les luttes d'influences dans les grands syndicats et les choix d'agriculture sonnent juste. L'homme puissant, la jeune femme qui perd pied et la volonté, quand on est pret de tout perdre, que l'on est prêt à tout pour éviter cela...

Est-ce que le personnage de Jalil Lespert est un sombre enfoiré ? Évidemment ! Est-ce que le personnage de Diane Rouxel est une oie blanche ? Ce n'est pas aussi évident. D'après les images que l'on voit, il n'y a pas de doute sur la manière dont le ressent Constance mais a-t-elle dit "non" ? Est-elle allée après cela chez son agresseur ? Comment la justice, qui n'a pas tous ces éléments peut-elle se prononcer et surtout, comment la justice agirait-elle si elle avait toutes ces informations en main. Le consentement ce n'est pas se taire mais dire "oui" ? En effet, mais le dicton ne dit-il pas "Qui ne dit mot consent" ? Est-ce que le fait de ne pas parler de ce qu'on a vécu rend l'évènement moins véritable ? En cas de parole contre parole, quand aucune preuve "physique" ne peut étayer les accusations, comment la justice peut-elle trancher ? Dans ces cas-là, est-ce qu'une "transaction" à l'américaine est ce qui peut arriver de mieux (cf l'affaire de Dominique Strauss-Kahn au Sital avec Nafissatou Diallo) ? Est-ce que cela ne "nie" pas la réalité des faits ? Est-ce que cela permet une certaine forme de justice que le pénal ne pourra pas donner ?

Toutes ces questions méritent débat et le scénario du film est bien plus centré sur la vie des paysans qui galèrent financièrement, sur la difficulté de s'intégrer dans un paysage ou tout le monde se connaît... ce qui n'empêche pas de lorgner sur les terres du voisin dès fois qu'une bonne affaire pourrait se faire. Un film sur le monde paysan qui se télescope avec #Metoo, un film qui peine à montrer la zone grise dans laquelle se mettent les personnages principaux.

Bref, "la terre des hommes" n'est pas un mauvais film mais il est trop gentillet pour être marquant. Si les questions qu'on se pose en le regardant sont intéressantes, il les esquive bien trop souvent pour me convaincre malgré une fin intrigante. Un petit film en somme...
.O.